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Bosch, c′est donc fini. Une quatrième saison a mené le détective Hieronymus Bosch au terme de sa quête. Rugueux, solitaire et obstiné, il affichait le pédigrée du héros américain à en friser le poncif. Ce flic circulant dans la mégalopole infinie ré-interprétait sans trop dévier la geste de ses ancêtres chevauchant au long de déserts interminables. Il n′y avait rien d′autre à attendre que cette redite de la destinée incarnée, depuis l′époque de la Conquête de l′Ouest, par les mêmes représentations du héros désabusé, du politicien corrompu, de l′enfance douloureuse, des amours inaccessibles et de la hautaine indifférence des paysages. Bosch n′inventait rien. Bosch récitait une histoire mille fois contée au cinéma et dans les collections « polars » des éditeurs. Et pourtant, étrangement, on n’exigeait rien d’autre. Décors nocturnes, contrastes marqués, lumières urbaines, ombres profondes, gros plans insistants, l′esthétique de Bosch n′oublie rien de l′expressionisme du film noir, même s′il en apaise les perspectives. Tout y est.

Bosch S04 voiture
En quatre saisons, Hieronymus Bosch a réglé au moins autant d′enquêtes, ce qui confère à chacune son unité narrative, mais il est deux autres affaires qui assurent la continuité d′un bout à l′autre de l′histoire : la première, en forme de fausse piste, est celle du tueur à bicyclette de Korea Town et l′autre, beaucoup plus ancienne, touche à l′histoire profonde de Bosch. Régulièrement rappelé à la lumière, le temps de quelques séquences, avant de retourner aux limbes, ce « cold case », est celui du meurtre de sa mère, une prostituée assassinée en 1961 par l′un de ses clients. Ces temporalités différentes, qui finissent pas se rejoindre et fusionner en toute fin de dernière saison, structurent le feuilleton, lui donne sa profondeur, j′oserais dire son humanité si tant est que l′on ne vit jamais le pur instant à lui seul. Mais surtout, conjuguées de la sorte, elles fondent la quête d′un Bosch pour lequel combattre le crime en tant que policier et à titre personnel ne font qu′une seule et même chose. « Il ne faut pas en faire une affaire personnelle » , lui dit un jour une de ses collègues au sujet d′un meurtre. « C’est toujours une affaire personnelle » , lui rétorque Bosch.

Le tableau donné de l′Amérique contemporaine, du moins de ses classes moyennes, est celui d′un délitement paisible de la famille. Toutes celles qui sont évoquées, à commencer par celle de Bosch lui même, puis celle de son partenaire Jerry, celle de sa chef Grace, celle du chef de la police Irvin, celle de Sheehan, un ancien partenaire accusé de violences et jusqu′à celle d′une jeune collègue issue des Affaires Internes, toutes ont volé en éclat.

Bosch S04 fille

Comme si les gens se rencontraient, faisaient des enfants et partaient ensuite chacun de son côté. Les femmes sont souvent à l′initiative des séparations et les hommes en sont la cause, tant ils font de bons pères mais, apparemment, de trop mauvais maris. Autant dire que l′insatisfaction est la règle. La frustration, le manque peut-être même. Il manque à Bosch et sa mère et sa femme Eleonor et ce n′est pas la vue de son perchoir d′Hollywood Hills sur la ville toute entière illuminée, whisky à la main et Ben Webster sur la chaîne hi-fi, qui comblent leur absence.

Bosch S04 Eleonor
Puisque l′on est en milieu policier, s′ajoute au manque la sensation d′être suspect aux yeux d′une bonne partie de la population, lassée de la violence et de la corruption du LAPD. Rien de très nouveau, la situation était pire encore dans les années 40. Des manifestations s′organisent devant le commissariat d′Hollywood. Les flics serrent les coudes, se protègent les uns les autres, au prix de quelques naufrages individuels.

Bosch S04 flic déprimé

En individualiste têtu, Bosch est un flic en marge, incapable de cette solidarité de corps ni d′obéissance à la hiérarchie. Si Bosch était un animal, il serait l’un de ces vieux mâles solitaires qui se tiennent à l’écart des meutes.

À ce décor d′où le moindre bonheur semble être exclus, Bosch oppose la carapace de son mutisme. Il ne lui reste que sa fille, de temps en temps. De saison en saison, Bosch semble se vider de toute émotion perceptible, faire bloc, comme une pierre au milieu du torrent. Si le monde était peuplé d′insectes, il serait un scarabée. Capturer un tueur en série ou obtenir justice pour sa mère lui apporte-t-il la moindre satisfaction ? On ne saura pas. Ce sont des choses qu′il doit faire et qu′il fait en bousculant les obstacles. Parce qu′elles doivent être faites. Point à la ligne.

Basch tunnel 2

PS : Ici, Le site de Michael Connelly

Bosch est un feuilleton créé par Michael Connelly et développé par Eric Overmayer d′après les romans de Michael Connelly : City of Bones (avec des éléments de Echo Park et The Concrete Blonde) pour la première saison,  Trunk Music (avec des éléments de The Drop et de The Last Coyote) pour la seconde saison, The Black Echo et A Darkness More Than Night pour la troisième saison et enfin  Angels Flight pour la quatrième saison. Diffusé par Amazon, il est interprété notamment par : Titus Welliver, Jamie Hector, Amy Aquino, Lance Reddick, Sarah Clarke, Madison Lintz,…

2 réflexions sur “Bosch S04

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